Andalousie

Nos corps dansent et volent comme des papillons de sourires
De longues journées le soleil nous brûle

L’orange que je tiens dans ta main
Le rire que tu prends dans mes bras

Le vent chaud est lent ce matin
Comme notre chair assouplit doucement

Vas tu me blesser
Ou danser dans ton Andalousie?

 

Une nuit

J’ai senti la flamme noire
Dans le silence invisible des chats
J’ai trouvé la pénombre dans la femme
L’enfance où je suis quand j’étais petit
J’ai marché sur des routes en Afrique
Aux siècles où l’on croyait la nuit
Je suis revenu sur mes pas
Ebloui par la brise du mystère

Monsieur Coquille

J’imagine un oeuf assis sur un banc
Un oeuf blanc se balance en avant
Du toit de paille s’échappe une fumée
Où nos retrouvailles s’envolaient

J’imagine dans ma vie un musicien hardi
De ses ongles grattant s’échappe une mélodie
Une mélodie sournoise jaillit dans le temps
Le journal déplié jacasse sur le banc

J’imagine un oeuf, un oeuf blanc sur un banc
Lisant un journal usé maintenant
Une femme élégante ajuste ses cheveux
Le bas du bout d’océan

Khéops

J’ai un ami du jour et de la nuit
Un ami aère le temps qu’il fait dans mon coeur.
Son regard abyssale vert abattu
Focalise et dissoud les rayons de mes peines
Ces lances parfois incisent ma chaire
Et laissent à mon air en arrière goût amère
Il est née dans la rue
Mon chat.
C’est le solvant de mes nuits
Le plus sage des moines du Tibet.

Petit Bonsaï

Le Bonsaï est fragile
Rêveur habile de saison
Et mon chat va vieillir.

L’automne est peuplé de feuilles
Dans l’orange braisé du ciel.
Nous voulons être heureux.

Nos joies viennent et passent
Dans l’épaisse liqueur de nos toiles
Nous en tissons l’essence,
Comme les rires parfumés des enfants.

Un jour j’ai perdu la nuit
l’ombre d’un feu a glacé mon compte
mille morceaux de papier déchiré
se sont envolés dans un espace vert et noir.
Alors que je trébuchais sur ton dos
mon sourire idiot s’écrasa sur la banquise et fondit sur la mer
Je vis un soleil se lever à l’ouest de mon imagination
ton corps m’arracha en mille morceaux
que je rassemble comme un puzzle
et que le vent dissipe

un jeu d’enfer

Le soleil brille pour tous et les nuits éteignent tous les soleils
l’amour dit adieu
la vie sans peine est une grande peine
la nuit est une antidote aux coups de soleil
la joie de vivre et la curiosité de mourir
l’éternité d’un souvenir
la vie est un jeu d’enfer
l’homme est un phénix
la haine du sommeil, antidote à la paresse
la haine de la vie, antidote au sommeil..
sans toi ce n’est pas la mort mais l’Enfer
avec toi ce n’est pas le paradis mais la Vie

Paris est Paris, Paris n’est plus à lui
Et tous les arbrisseaux de la vieille Paris
Buissons ornés d’or arrosés de parfums
A la gloire de la gente, déesses au jasmin.
Paris sibylline s’en va comme la Seine
Des bouquins des quais aux étals des marchés
L’odeur sucrée des fleurs de la Reine
Emplit le cœur des axes de la Cité.
Sous la pluie, agacée tu te plains.
Petite, rejoins-le ton Amour !
Où tu meurs du feu noir de la nuit.
Et s’efface le gris matin,
Courcelles, Raspail, Saint-Germain,
Paris, requiem félin.

La mer crache vers le ciel une réponse à la pluie.
Si le tonnerre gronde, il se fait tout petit pour te laisser flâner,
Et les falaises d’Angleterre se nivellent à tes pieds.

Menuet

Le Soleil revient chauffer la brise
Et les feuilles mortes continuent leur voyage
Mon esprit fatigué par les idées
Cède la place à mon corps qui bat
Qui sent, qui contemple
Je sens le flot de la vie circuler
J’ai un corps pour éprouver
Ce que des idées ne pourront jamais toucher
Je vis comme un chat.
Je saute de pierre en pierre
Aveuglé par le soleil.
Je me vautre dans mon lit douillet
Et m’étire pendant des heures.
Je ne me lève que pour voir mes amis
Ou jouer du piano
Je chante avec ardeur
Je contemple la nature
Je respire, je respire.
Je vis comme une plante,
De soleil, de pain et d’eau fraîche.